PARTICIPATION CULTURELLE DES JEUNES – PORTRAIT #1 – RAPPER À MONTRÉAL-NORD

Par Rim Hajrl

 

Estime de soi; épanouissement personnel; gestion de stress; ouverture d'esprit; développement de l'imaginaire et de la créativité comptent au nombre des bienfaits que les jeunes attribuent à la fréquentation et à la pratique des arts et de la culture.

Dans le cas de Roméo*, participant de notre étude La participation culturelle des jeunes à Montréal - des jeunes culturellement actifs**, l'impact des arts et de la culture sur le développement personnel et social prend un sens particulièrement important. Sans le rap et le soutien du Centre de jeunes qu’il fréquente, Roméo serait peut-être un autre de ces décrocheurs ou délinquants traînant sur la rue. À l’instar d’autres jeunes de notre étude, Roméo perçoit la culture comme un important vecteur de liens entre les gens, qui permet non seulement de créer des amitiés, mais de renforcer un sentiment d’appartenance à une communauté et un quartier. Pour Roméo, les arts et la culture sont synonymes de liberté. 

 

Extrait de portrait – Roméo (16 ans), rapper à Montréal-Nord

Roméo, né au Québec et dont les parents sont d’origine haïtienne, se passionne pour une activité qui est d’ailleurs pratiquement exclusive au sein de sa sphère culturelle : le rap. Bien que sa consommation de produits culturels liés à ce style musical, notamment l’écoute de musique rap, soit notable, sa pratique créative, qui est avant tout constituée du chant et de l’écriture, s’avère davantage importante. « […] j’étais bon pour faire ça et j’ai vu que, wow, que ça a amélioré au fil du temps et je sais que je peux m’améliorer encore. »

 

L’adolescent entretient une perception de la sous-culture rap comme représentant la culture dominante de son quartier : « Ici la culture c’est le graf, rap, danse, c’est ça la culture ici. » Il affirme d’ailleurs que des amis, des rappeurs originaires du même quartier, partagent cet intérêt.

Roméo fréquente également assidûment une maison de jeunes de Montréal-Nord, où il peut s’adonner à sa passion et fréquenter des adolescents qui ont la même pratique : « À L’Escale c’est plus facile, il y a plusieurs ordinateurs, plusieurs jeunes qui chantent aussi, so, c’est plus facile de venir à L’Escale rapper. […] Le lieu de repère, c’est L’Escale tu comprends ? » À cet endroit, il peut compter sur la présence d’animateurs et d’éducateurs pour l’encadrer, notamment dans un projet de rap auquel il prend part.

Et pour se faire entendre, Roméo aime beaucoup se retrouver sur une scène, devant un public, où il dit éprouver du plaisir et de l’excitation. Il s’adonne toutefois davantage à l’écriture qu’à ses performances live. « Avant de commencer le rap là… j’écrivais des poèmes, j’écrivais des slams… mais après j’ai juste comme, je les ai combinés au rap. » « J’écris partout où je veux […], je vais écrire soit dans mon cellulaire, soit dans n’importe quoi. […] »

En revanche, Roméo est conscient qu’il lit peu […] « je vais pas vous dire que je suis le plus intellectuel, mais je lis. » Il est encouragé dans cette activité par l’animateur de L’Escale : « […] Il me dit que si je suis un rappeur, il faut que je lise… des livres bizarres ! »

La musique, nous l’avons évoquée, fait aussi partie de ses activités et Roméo apprécie différents styles. [...] Toutefois, parce qu’il est Québécois et qu’il parle et chante en français, C1 est ferme : « Je vais pas aller commencer à écouter des beats en anglais que je comprends rien. »

D’autres pratiques et sorties culturelles, de moins grande importance, meublent en outre les temps libres de Roméo, qui concentre toutefois ses énergies dans le rap : « Ça prend beaucoup de place parce que le rap là, tu peux pas être rappeur à mi-temps, c’est [...] à plein temps. »

Il utilise aussi Internet, particulièrement le site Facebook [...]. C’est toutefois son producteur qui met à profit la plateforme YouTube pour diffuser les créations musicales de Roméo, qui sont relayées par des amis, notamment sur Facebook : « Tout le monde passe, tous mes amis passent, ils passent et ça fait que plusieurs mondes nous voient. »

 

* Roméo est le nom fictif donné à notre participant âgé de 16 ans vivant à Montréal-Nord dans le cadre de cet article. Il est identifié sous l’identifiant C1 dans notre étude. Le portrait complet est disponible de la page 79 à la page 81.

**  Réalisée par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) – Centre Urbanisation, Culture et Société, l’étude La participation culturelle des jeunes à Montréal – des jeunes culturellement actifs a été initiée par Culture Montréal et a bénéficié du soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.

 

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